Abbaye
d'Alcobaça

Située au nord de Lisbonne, l’abbaye de Santa Maria de Alcobaça a été fondée en 1153 par le premier roi portugais, Afonso Henriques. Dernière abbaye fondée du vivant de saint Bernard, elle est rapidement devenue l’un des centres cisterciens les plus importants et les plus influents de toute la péninsule ibérique.

En 1153, le monarque accorde la « Charte de Couto » à Bernard de Clairvaux, faisant ainsi don à l’ordre cistercien de quelque 44 000 hectares de terres s’étendant des collines de la Serra dos Candeeiros à l’est à la côte atlantique à l’ouest, et des environs de Leiria au nord à Óbidos au sud. Cette immense étendue de terre, presque déserte, se prête manifestement à l’installation d’un monastère cistercien, qui exige des terres isolées et fertiles, riches en eau. La fondation relève d’une volonté politique, elle est intrinsèquement liée à la reconnaissance de l’indépendance du jeune royaume du Portugal par Rome. Pour l’ordre cistercien, elle consolide définitivement sa position dans la péninsule ibérique.

La construction du monastère a traversé plusieurs siècles d’histoire du Portugal, témoin des âges d’or du pays. Santa Maria de Alcobaça est le premier bâtiment entièrement gothique du Portugal. Le plan architectural est basé sur la maison mère de Clairvaux et suit la philosophie d’austérité et de simplicité prônée par saint Bernard. Un système spécial de canaux a été construit pour détourner l’eau potable de la rivière Alcoa ; le système hydraulique est impressionnant pour les solutions techniques appliquées. Toute la région environnante était couverte de granges, de vignobles, de vergers et de terres arables arrachées aux forêts et aux marais par voie d’assignation.

Au Portugal, les ordres religieux ferment en 1834. Tous leurs biens sont alors nationalisés. Le monastère d’Alcobaça est occupé et converti ou adapté pour servir diverses fonctions publiques et privées, notamment : Hôtel de ville, bâtiments administratifs municipaux, prison, tribunal, théâtre municipal (dans le réfectoire), bureaux de banque, administration fiscale, cadastre, écoles, casernes militaires (4e et 9e régiments de cavalerie et 1er régiment d’artillerie), maison de retraite, bibliothèque municipale…

Entre 1928 et 1948, l’État portugais a entrepris des travaux de restauration du monastère, classé monument national depuis 1910, dans le but de lui rendre ses spécificités architecturales d’origine.

La monumentalité, la beauté et la pureté du monastère d’Alcobaça ont justifié son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1989. Considéré comme l’une des sept merveilles du Portugal, le monastère fait aujourd’hui office de musée.